Rouleurs : Chapitre V

Rouleurs : Chapitre V

Lincoln Gap

Par Halina Torresan

Le matin est un moment que j’apprécie particulièrement quand je vais en camping. Ce dimanche matin-là, tout était calme et paisible ; une matinée de camping parfaite. Brumeux et humide, l’air était juste assez frais pour revêtir le capuchon de mon kangourou. Faisant office de barista, Nic avait mis le paquet et nous avait préparé un café de tonnerre. 

Levés depuis environ 9 heures, sirotant notre boisson chaude, on avait discuté de l’épreuve qui nous attendait jusqu’en fin de matinée. C’est vers midi qu’on a finalement décidé de se préparer, puis de s’élancer.  

Je n’avais pas beaucoup parlé ce matin-là, principalement parce que le parcours à venir me rendait un peu anxieux. La veille, Nic avait répété à quel point Lincoln Gap – un col situé dans les montagnes Vertes du Vermont – représentait certainement l’une des ascensions les plus corsées auxquelles il s’était frotté. Nic étant l’un des plus forts cyclistes que je connaisse, l’anxiété ressentie avait alors grimpé d’un cran. 

Fin prêt à relever le défi, certes, mais ma confiance s’estompait chaque fois que quelqu’un mentionnait les mots « Lincoln » et « Gap. » 

J’avais néanmoins de bonnes raisons de me sentir anxieux puisque Lincoln Gap était de loin – de très loin – la montée la plus ardue que j’avais dû grimper jusqu’à maintenant. En fait, je ne suis même pas convaincu que j’aurais tenu le coup sans les encouragements de mes compagnons de route, particulièrement dans la dernière section – ultra ABRUPTE et interminable. 

Atteindre le sommet de Lincoln Gap s’avère un périple presque mythique ; si l’expérience m’a transformé, elle m’a aussi permis de remettre en perspective toutes les ascensions majeures que j’avais accomplies dans le passé. 

Avec le recul, je réalise que tous les éléments pour faire de cette montée, une aventure épique étaient présents : le juste équilibre entre l’ambiance de camping matinale, les œufs, et la caféine saupoudrée d’un brin d’anxiété ; des équipiers inspirants, une bonne dose de souffrance, les magnifiques routes du Vermont, et les collations achetées aux dépanneurs du coin ; et, une fois l’exploit complété, les gorgées de whisky, et les burgers cuits sur le feu arrosés de bières locales bien méritées. 

Vivre à fond sa passion pour le vélo, c’est ça ! 

Pour encore plus au sujet des histoires Rouleurs;

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Lincoln Gap

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